« A girl with shoes is never ugly »

Almeida, Adrianna Nety

the worst things in life come free to us
and we're all under the upperhand

GOLDEN OPTIMISTIC GOLDEN REALISTIC GOLDEN PESSIMISTIC

PRÉNOM(S) ▽ Adrianna Nety ;
SURNOM(S) ▽ Ade, Ady, Anna, AN ;
DATE DE NAISSANCE ▽ 23 Juillet 1989 ;
AGE ▽ 23 ans en 2012 ;
SITUATION ▽ Céliba-ttante ;
ORIENTATION SEXUELLE ▽ Hétéro’, bien que « l’autre bord » ne fut jamais franchi et donc expérimenté ;
MÉTIER/ÉTUDE ▽ Hôtesse d'Accueil Téléphonique / Management
CARACTÈRE ▽ joyeuse - rancunière - prévoyante - boudeuse - sociable - critique - ouverte d'esprit - gourmande
AVATAR ▽ Lauren Conrad

Prend 3 cafés par jour au minimum

Rêve secrètement de faire de la danse ;

S'inscrit à énormément de jeux concours et jeux télévisés ;

A arrêté de jouer du piano depuis la mort de sa mère ;

Customise ses fringues et accessoires pour les rendre uniques, à un prix abordable ;

Gourmande de sucrerie, et surtout de chocolat ;

Mets en ordre sa chambre, et souvent, toute la maison (au grand dam de Crystal qui ne retrouve plus rien

)

Ne peux se passer de musique pendant 24 heures

Parcourt le net à la recherche de bons plans et d'astuces mode & beauté.

« Almeida ? C’est ton tour, t’es prête ? » « Oui. Mais, techniquement, je suis censée faire quoi ? » « Faut vraiment tout vous expliquer… Tu rentres, tu poses ton joli derrière sur la chaise, et t’appuies sur le gros bouton rouge face à toi. » « Mais personne ne pourra voir ce que je dis ? » « Tu sais ce qu’est le principe d’une capsule temporelle, oui ou non ? » « Mais bien sûr que oui, c’est juste que… un montage sera fait par la suite, pour sa diffusion dans quelques années, non ? » « Y a pas de montage, Almeida. On va pas se faire chier à monter des centaines de vidéos. Tu appuies, ça enregistre. Tu appuies, ça s’arrête. Et ainsi de suite. T’as une demi-heure, bouge-toi. » « Trop aimable, vraiment trop aimable ».

Je passais la porte en soupirant et me laissait glisser sur la chaise. Je me trouvais dans une toute petite pièce sans aération et aucune autre ouverture que la porte. Une ampoule éclairait les 10m². J’étais aux anges… Pour quelqu’un qui souffre de claustrophobie, faut avouer que c’est chouette, d’être confiné dans un endroit sombre. Au moins, ça avait l’avantage de réduire le temps que je passerai à déblatérer face à une caméra. Vous me direz que je ne suis pas obligée de participer à ce projet. C’est juste. Sauf qu’en tant que Représentante des Etudiants Universitaires, je me dois de montrer l’exemple. Je me décida à appuyer sur le bitogno et la caméra se mis en route, à en juger par le voyant qui clignotait.

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« Pff… Je ne sais pas quoi vous dire. De toute façon, à l’époque où cette vidéo sortira, on sera tous à droite, à gauche, et personne ne me reconnaîtra. Sauf si je fais un gamin d’ici là… Vous voulez savoir quoi ? Je m’appelle Adrianna, j’ai bientôt 23 ans, et je représente fièrement les étudiants. Fièrement, j’ai dit… Pourquoi ? Parce qu’en dépit de certaines mentalités qui pensent qu’à 20 ans, la vie nous sourit, j’ai envie de rire. Alors vous me direz que je vis plutôt bien, que tout va bien pour moi, que je fais des études, que je bois une eau potable, que je mange à ma faim… Oui, forcément, vu comme ça, c’est le grand luxe. Luxe qui n’a rien à envier à ces étudiants bourgeois de l’Upper East Side de New York, mais qui pourrait convenir à des jeunes d’un pays d’Afrique encore guère développé économiquement parlant. Il y a un juste milieu à tout, faut arrêter de distinguer les individus en deux catégories. Les blancs, les noirs. Les riches, les pauvres. Les hétéro, les gays. Les intelligents, les idiots. Les populaires, les geeks… J’aime pas les préjugés, c’est un fait. Et ça ne changera pas. Et puisque cette vidéo est supposée vous aider à lire entre les lignes, alors autant jouer franc jeu avec vous.

tell me how its supposed to be,
where everything will go, and how i'll
be without you by my side

J’ai connu la maladie. Ou du moins, ma mère a été victime d’une saloperie de maladie et est partie trop tôt. Non, vous ne m’avez jamais vue m’effondrer, mais ça ne veut pas dire que je ne ressens rien. Je connais la galère aussi. Pas la misère, mais la galère. Parce que ne nous voilons pas la face, papa Almeida n’est pas PDG d’une grosse boîte à pognon, oh non… Il a un salaire de base, et les prix sont tels qu’ils sont. Les économies, on ne connait pas, chez nous. On n’a pas un rond de côté, ou pas grand-chose. Même si papa n’en parle jamais, Crystal et moi, on en est bien conscientes. Alors on évite de se plaindre trop souvent, quitte à manger souvent la même chose… On essaie d’innover avec les produits qu’on a, on fait avec ce qu’on peut quoi. Mais honnêtement, ça me convient. Alors bien sûr, cette situation ne va pas trop avec l’acheteuse compulsive que je suis. Passionnée de mode, gourmande d’astuces beauté, friande de nouveaux accessoires… Et cependant, aussitôt ma soif assouvie, ces précieux nouveaux achats retourne là où je les ai trouvés. Bien sûr, il m’arrive de me faire plaisir, avec mon petit salaire d’HAT (Hôtesse d’Accueil Téléphonique), mais je préfère le dépenser dans trois gros caddies au supermarché et faire plaisir à mon père et ma sœur.

Ma sœur. Mon double. Elle le yin, moi le yang. Ma protégée. C’est mon rôle désormais. Je l’ai bien compris. Et puis, maman ne m’a jamais laissé le choix. Je me souviendrais de ses dernières paroles toute ma vie. « Je vous aime. Prenez soin l’une de l’autre. Et Ade, ma chérie. Veille sur ta sœur. Protège-la comme je ne peux plus le faire. ». J’en étais parfois lourde, et je le savais. Mais j’allais tenir ma promesse. Et puis, de toute manière, promesse ou non, je me devais de me soucier d’elle. Une famille c’est le noyau d’un individu. Les expériences, les amis… ce sont une sorte de coquille, de carapace. Mais au fond, ce qui nous construit, et qui nous solidifie ou nous brise, c’est la famille. Noyau de plus en plus fragile à mesure qu’un proche nous quitte. Souvent trop tôt. Toujours trop tôt.

wake up, it's time, little girl, wake up
ll the best of what we've done is yet to come
wake up, it's time, little girl, wake up
just remember who I am in the morning

C’est d’ailleurs pour ça que je préfère vivre mes journées comme si c’était les dernières. Je ne me couche pas sans dire à ma sœur et à mon père que je les aime. De vive voix, ou par message interposé. Je prévois des activités à l’avance, mais si j’ai besoin de voir quelqu’un, de me rendre à un endroit soudainement, je ne réfléchis pas et je fonce. La vie est trop courte pour remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour-même. Dire aux personnes qui comptent qu’on les aime, et pourquoi. Dire également à celles qu’on ne peut pas s’encadrer qu’elles aillent se faire voir.

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C’est ce que j’ai fait avec ma meilleure amie. Je lui ai dit d’aller se faire foutre. Et encore, je trouve ça relativement poli quand il s’agit de rembarrer la pote qui se tape mon mec. Et ouai, gros cliché, et pourtant, j’en ai moi aussi fait l’expérience. Je m’en serai bien passé, pour être honnête. Rentrer d’un WE plus tôt que prévu et se pointer chez son mec en criant « Surpriiiiiiise » et se surprendre soi-même à trouver sa meilleure amie à califourchon sur lui, je ne le souhaite à personne. J’ai coupé les ponts. Ils ne sont pas ensemble, c’était juste une erreur de parcours comme ils aiment dire ; je les croise souvent, je les ignore à chaque fois. J’ai perdu une des rares personnes à qui je me confiais, et une des rares personnes qui posait un regard doux sur moi. J’ai survécu. Sans psy, sans énième séance de shopping, et sans Ben & Jerry. Il m’a juste fallu trouver du temps.

and you will never know, just how
beautiful you are to me, but maybe I'm just
in love when you wake me up.

Et puis j’ai eu un coup de cœur pour un autre. Un chouïa plus âgé, un bel homme, à l’accent à faire fondre un iceberg, un regard mystérieux… Le genre de mec qui, dès qui te regarde, te donne des frissons sur tout le corps. Sauf que ce mec, Andrew, c’est l’ex de ma sœur. Ils étaient ensemble quand j’étais moi-même maquée. Aujourd’hui, on se fréquente, en tant qu’amis. Mais je freine l’évolution de cette relation. On sait tous les deux qu’on aimerait passer à une étape supérieure, mais c’est impossible. Je dois protéger ma sœur. Et sortir avec son ex ne m’y aidera pas. Il m’en veut, c’est normal, alors il s’amuse à me rendre jalouse en s’affichant avec d’autres filles… Et pendant ce temps je me demande si un jour ce jeu s’arrêtera, et si ce sera moi dans ses bras. »

J’actionnai à nouveau le bouton rouge, et la caméra s’arrêta de clignoter. D’un revers de la main, j’absorbai une larme pour afficher un grand sourire, remettre une mèche de cheveux derrière l’oreille, et céder ma place au prochain candidat.