« Dago... ? - Lui-même - Promets-moi de rester toi-même... Promets-moi de t'occuper de Loucas comme tu l'as toujours fais... Mais surtout, promets-moi de ne jamais te laisser abattre, de rester ce chieur qui voit toujours le bon côté des choses quoi qu'il arrive... » Je ne répondais pas, je ne voyais pas comment promettre une tel chose alors que Chica était en cet instant dans un lit d'hôpital. Elle était mourante, malade, atteinte d'un cancer qui l'avait pourtant laissé vivre bien plus longtemps que tout le monde n'aurait put le penser. C'est d'ailleurs sa maladie qui m'a fait la rencontrer, je bossais dans l'hôpital ou elle suivait son traitement le jour de notre rencontre, il y a 4 ans de ça, et son sourire, tellement radieux, faisait que je n'avais de yeux que pour elle. Je connaissais donc la fin de notre histoire, je savais ce qu'il m'attendait, et à chaque fois qu'elle m'en parlait, je ne faisais que lui répéter que si le destin avait voulu qu'on se rencontre c'était parce que j'étais celui qui lui fallait pour lui embellir sa vie, que si le destin nous avait donné un fils, c'était pour la combler de bonheur avant son départ, mais là... Là, en la voyant si mal à partager ses derniers instants avec son enfant, notre enfant, à me faire promettre toutes ces choses, je ne voyait pas le bon côté, j'étais bien incapable d'en trouver ne serais-ce qu'un, alors qu'elle, elle restait souriante, et m'en sortait de toute sorte...

« Tu ne m'entendras plus ta rabâcher de ranger tes chaussettes... Je ne te ferai plus tomber du lit pour t'occuper de ton fils... Tu auras, d'ailleurs, un grand lit pour toi tout seul... Tu vas même retrouver le droit de draguer ! Bien que ça, tu ne l'ai jamais vraiment arrêté, alors disons que tu auras désormais le droit d'aller au bout de ta drague... Dago... » Le pire dans tout ça, c'est qu'elle arrivait à me faire rire, même dans ce genre de situation... Je sentais qu'elle avait besoin de ça pour partir le coeur léger, je sentais que je me devais de lui promettre tout ça, mais je suis du genre à tenir mes promesses, et au fond de moi, celles ci, je ne voulait pas les tenir... Je ne voulais pas être heureux sans elle, je ne voulais pas être sans elle tout simplement, mais pourtant ces mots sortirent d'entre mes lèvres sans que je ne le gère réellement... « Je te le promets... » Et je m'en voulais déjà de l'avoir fais... Elle me réclamait alors des sourires, des histoires drôle, que je sois comme je le suis toujours auprès d'elle, comme si rien n'avait changé, comme si nous n'étions pas à l'hopital au bord des adieux. Je l'ai fais, par amour pour elle, je l'ai fais, jusqu'à ces derniers instants... Mais, alors que Loucas sentait désormais que sa mère n'était plus de ce monde, alors qu'il s'était mit à pleurer cette perte, je compris que plus rien ne serait jamais comme avant. Chica avait tout de même raison sur une chose, notre fils ne devait pas ressentir cette perte aussi fortement, j'allais bien sûr tout faire pour que, malgré sa petite année de vie auprès d'elle, il n'oublie jamais la femme qui lui a donné la vie, mais surtout, j'allais tout faire pour que sa vie soit tel un rêve, sans jamais de noirceur, ou en tous cas, le moins possible...

Mon petit de chou, à ce jour, s'approche des deux ans, je n'en reviens pas de la vitesse à laquelle passe le temps, j'ai l'impression de ne pas le voir grandir, même si pourtant, je passe la majorité de mon temps libre à ses côtés. Ca fait un an que sa maman n'est plus de ce monde, un an que je la vois dans mon fils, et un an que je tiens ma promesse. Tout ce qui se passe dans ma vie se trouve à avoir un sens positif, je dois avouer qu'il m'arrive de me forcer à le chercher, surtout quand je pense à elle, mais bien souvent, ça me vient naturellement, comme si le fait d'avoir cette promesse de ne pas changer s'était encré en moi. La seule journée où je m'autorise un peu de noirceur, est le jour de sa mort, même, quoi que je fasse, dès que mon amour de bébé se trouve sous mes yeux, je ne peux faire autrement que sourire, et retrouver la joie de vivre qu'elle aimait tant en moi. « Baba ba baba ! - Hey je te signal que je connais la pub, je suis pas une truffe ! » Un éclat de rire qui fait du bien sorti d'entre les lèvres de ce mini bogoss qui semblait comprendre ce que je venai de lui, peut être était-ce le cas après tout, en tous cas, ça me plaisait d'y croire. Moi je l'avais bien compris ce jour là, il avait décidé que je n'avais pas le droit de me morfondre ce jour là, et j'avais promis à sa mère de ne pas le faire, alors il était temps de sortir se balader au parc entre mec...

Les papas qui promènent leur enfant et jouent avec sur l'herbe fraiche du parc, il faut avouer que ça ne court pas les rues, je peux donc aisément sentir le regard des mamans qui se posent sur moi, ça me fait sourire alors qu'une phrase de Chica me revient en tête... "Tu vas pouvoir draguer comme tu veux..." Chose que je n'avais pas fait depuis sa perte, mais qui me faisait vraiment sourire autant intérieurement qu'extérieurement en cet instant. Cela ne voulait pas dire que je voulais passer à autre chose, ou que j'étais prêt à voir une autre femme qu'elle, mais j'avais juste cette impression que c'était elle qui me poussait à le faire... « Dis moi jeune homme, c'est ton papa qui s'occupe de toi ? - Pam-pa ! » Oui mon fils avait du mal avec le premier "pa" de "papa" allez savoir pourquoi et du coup ça devenait "pampa" ce qui me faisait rire à coup sûr d'ailleurs, et qui visiblement, venait de faire rire la jeune femme qui s'adressait à lui avant de lever le regard vers moi... « Je prend ça pour un oui... - C'est le cas oui, Dago... » Je m'étais donc présenté à elle en lui tendant la main alors que Loucas répété, ou du moins essayait de répété en laissant entendre un « Da » l'air de rien... Elle s'était alors présenté à moi, me faisant savoir qu'elle n'était pas maman elle même mais juste la en tant que nounou et qu'elle avait craqué sur la bouille magnifique de mon bébé, passant, du coup, la journée avec nous et le petit mec un peu plus agé que le mien qu'elle avait en garde. Je devais bien avouer que sa présence féminine m'avait fait beaucoup de bien ce jour là...

C'est sans aucun doute ce jour là que j'ai compris que je devais reprendre le cours de ma vie plutôt que de me laisser glisser sans rien prévoir... J'avais tenu le coup grâce à mon fils, j'avais tenu mes promesses grâce à lui, mais il était temps que je les tienne grâce à moi. J'ai retrouvé le goût à la drague, je retrouve ce plaisir à jouer de mon charme, à être ce chieur que j'ai toujours été, je redeviens moi, entièrement moi, et ça fait un bien fou. Je recroise souvent la jolie brune, Pia, au parc, et je dois avouer que j'aime sa compagnie, et une chose est sûr, c'est qu'elle fera très certainement toujours parti de ma vie désormais, une amie proche, en qui je peux compter, une amie qui restera à jamais une amie, sans jamais aucune ambigüité entre nous, bien que le monde extérieur en doute très souvent... Mais maintenant que ma vie revient à moi, il est temps de vivre bon nombre de nouvelle aventure ! « Alors, êtes vous prêt à les vivre avec moi ? »